Ils sont morts parce qu’ils ont choisi de ne pas quitter leur pays afin de le servir. Ils sont morts parce que leurs appels incessants pour sauver l’hôpital public n’ont pas été entendus
En parlant d’eux avec émotion, leurs confrères disent qu’ils sont morts en soldats sur le champ d’honneur. Car nos hôpitaux ressemblent plus à des champs de bataille qu’à des établissements hospitaliers publics qui se respectent. Eux, ce sont les médecins de première ligne qui se sont jetés corps et âme dans la guerre contre ce virus pernicieux pour sauver des vies au mépris de la leur. Depuis le début de la pandémie jusqu’à hier, plus de cinquante médecins ont perdu la vie en voulant secourir leurs patients. Le chiffre fait froid dans le dos. Malgré les conditions catastrophiques dans les hôpitaux et le manque d’équipements de protection contre le coronavirus, ils ont continué à faire leur travail, respectant fidèlement le serment d’Hippocrate, en faisant preuve d’abnégation, de dignité et de bravoure. Mais le virus a fini par les happer, brisant net leurs rêves et leurs aspirations à un avenir meilleur. Des années d’études et de sacrifices sont ainsi parties en fumée à cause d’un système de santé chancelant. Clamant en vain leur désir de travailler des conditions plus dignes, ils n’ont pas été entendus et ont fini par payer le lourd tribut du laxisme et du laisser-aller des gouvernements qui se sont succédé.
Au final, ils sont morts parce qu’ils ont choisi de ne pas quitter leur pays et de servir leur patrie. Ils sont morts parce que leurs appels incessants pour sauver l’hôpital public n’ont pas été entendus. Ils sont morts car leur pays les a tués. Ils sont morts en martyrs.